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art conceptuel
4 avril 2008

questionnement de 1971

http://www.biennaledeparis.org/archives/1971/textes/alfredpacquement.htm

UNE PRATIQUE ARTISTIQUE
La présence d'une analyse théorique dans l'art conceptuel pourrait être explicitée de manière beaucoup plus approfondie.Mais notre propos est ici de montrer également en quoi l'art concepuel n'est pas réductible à une simple théorie de l'art,    c'est-à-dire qu'il se différencie d'analyses théoriques qu'on ne considère pas comme productions artistiques. Pourtant, contrairement à la plupart des autres oeuvres d'art qui sont immédiatement perçues comme pratique, même si l'artiste ou un théoricien produisent une théorie à partir de ces oeuvres, l'art conceptuel est d'abord perçu comme activité théorique. Ceci provient du fait qu'il « donne à lire » et que ne pouvant en aucun cas être objet de contemplation, il devient dès le premier niveau de lecture (de perception) objet de réflexion. La confirmation de l'art conceptuel en tant que pratique artistique revient à montrer que les problèmes fondamentaux de l'espace et de la représentation y sont posés certes théoriquement, mais également mis en pratique (ce qui n'est pas le fait d'une simple théorie de l'art).

Une activité purement théorique se contenterait d'une production textuelle sur la représentation. Si l'art conceptuel utilise également une matière première textuelle, il visualise cette matière première. Et on définit bien là l'art conceptuel comme pratique, suivant la définition d'Althusser. L'importance qu'on donne maintenant à la visualisation ne remet pas en cause sa définition en tant que moyen pour prendre connaissance du contenu théorique.Et si les artistes conceptuels publient des textes dans des livres ou des catalogues, cela ne constitue qu'un aspect de leur recherche, qui n'est compréhensible que mis en relation avec l'aspect visuel.

D'autre part, l'artiste conceptuel n'utilise pas un simple matériel textuel dans tous les cas, mais il lui arrive de le confronter à des objets. L'œuvre souvent reproduite de Kosuth, « One or three chairs », présente ainsi une chaise réelle, la représentation photographique de cette chaise et la définition du mot « chaise » dans le dictionnaire. De même le fichier de Burgin ou les photographies de Lamelas restent des pratiques visuelles (mais non formelles).

LE DISCOURS SUR L'ART
On peut donc bien considérer l'art conceptuel comme une pratique théorique. S'étant affirmé comme une nouvelle forme d'art, il recule en quelque sorte le seuil à partir duquel on peut parler d'oeuvre d'art et reste en ce sens pratique artistique. Mais l'art conceptuel pose aussi la question de son discours critique puisqu'il est déjà en lui-même sa propre analyse. Comme on ne peut qu'évoquer ce problème pour terminer, on constatera simplement que le discours critique de l'art conceptuel ne provenant pas de l'artiste lui-même, se justifie par le fait que l'étude critique et théorique doit porter sur l'analyse de l'art dans l'art conceptuel. Autrement dit, l'investigation théorique proposée par l'artiste sert de matière première au discours, dont l'objet devient l'analyse de cette auto-analyse.

Catherine Millet
Par sa nature même, l'art conceptuel est la négation d'une appréhension critique de type poético-littéraire, c'est-à-dire que la projection de fantasmes personnels en est pratique-ment exclue. A la rigueur de l'objet étudié doit correspondre une analyse     également rigoureuse. Dans ces conditions, au lieu de chercher à montrer ce que l'art conceptuel n'est pas ou n'est plus, notre propos va plutôt consister à vérifier une hypothèse de départ qu'on définit ainsi : l'art conceptuel est auto-analyse, analyse réflexive de l'art lui-même.

L'évolution de l'art au XXe siècle a, semble-t-il, définitivement résolu le problème : « Tout ce que je crache est de l'art parce que je suis un artiste ». Schwitters met ainsi l'accent sur le lien étroit, dans une société industrialisée, entre la condition d'existence de l'oeuvre d'art et la reconnaissance de l'artiste en tant que tel. La réponse étant nécessairement sociologique, on pourrait dire en parodiant Marcel Mauss, que l'oeuvre d'art est ce qui est reconnu comme tel par le marché de l'art. C'est-à-dire qu'une oeuvre d'art est à la fois objet de connaissance et objet de rapports marchands et que n'im-porte quel objet (ou absence d'objet) est œuvre d'art à partir du moment où il donne lieu à un commerce en tant qu'oeuvre d'art.

 

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