Chronologie de l'art conceptuel
1961
Henry Flynt utilise pour la première fois les termes "Concept
Art" (ce qui n’est pas encore le Conceptual Art) pour intituler
un court essai, publié en 1963 par La Monte Young, représentant du mouvement Fluxus. Dans ce texte, il est question pour Flynt d’inventer un
art dont le matériau serait le concept et dont la beauté serait analogue à celle
des formules mathématiques.
Robert Morris réalise Card File, une œuvre qui ouvre la voie de
l'Art conceptuel.
1965
One and Three Chairs de Joseph Kosuth, travail emblématique de l’Art
conceptuel.
1966
L'artiste conceptuel Mel Bochner organise à la School of Visual Arts de New
York l'exposition Working Drawings and Other Visible Things on Paper not
necessarily meant to be Viewed as Art. Il y présente des dessins, esquisses,
documents, listes et photocopies d’originaux à consulter dans des classeurs.
Plus que l’inachèvement des travaux, c’est le principe de mise en
forme "administrative", propre à l’Art conceptuel, qui
est posé.
Dans son ouvrage Statements, rédigé pour l’exposition Non Anthropomorphic
Art présentée à la Lannis Gallery de New York, Kosuth a recours à
l’adjectif "conceptuel" : "Mes objets d’art sont
des totalités : ils sont complets et désintéressés. Ils sont constitués
de matériaux non organiques, sans couleur, absolument synthétiques et non naturels ;
ils sont plus constitués de matériaux conceptuels que de matériaux trouvés".
Dan Graham propose à Arts Magazine, pour son numéro de décembre-janvier
1966-67, une double page intitulée "Homes for America" composée d’un
texte et de photographies. Quand le numéro paraît, la rédaction a substitué
aux images de Dan Graham une photographie de Walker Evans. La maquette originale,
reconstituée en 1970-71, forme ce que l’on considère comme "l’œuvre"
Homes for America.
1967
Sol LeWitt, artiste issu de l’Art minimal, publie dans le numéro
d’été de Art Forum les "Paragraphs on Conceptual Art".
Il définit comme Art conceptuel tout travail artistique entièrement conçu
avant sa matérialisation. Ainsi, "l’idée devient une machine qui fait
de l’art". LeWitt est le tenant d’une acception large de l’Art
conceptuel.
1968
Formation du groupe Art & Language à Coventry, Grande-Bretagne, par
Terry Atkinson et Michaël Baldwin. David Bainbridge et Harold Hurrell se joignent
à eux.
1969
En janvier, le critique Seth Siegelaub organise, dans un bureau new-yorkais,
une exposition intitulée January 5-31 dont le communiqué de presse précise
que l’exposition est le catalogue lui-même, la présence concrète des œuvres
n’étant qu’un supplément à ce dernier, voire un échantillon :
32 œuvres figurent au catalogue, 8 seulement sont présentées. Il ne s’agit
pas de renoncer à la pratique de l’exposition mais de la revisiter : l’Art
conceptuel poursuit son investigation en interrogeant aussi le concept
d’ "exposition".
Sol LeWitt, publie ses "Sentences on Conceptual Art" dans 0-9, revue éditée à New York par l'artiste Vito Acconci. Propositions éclairantes
quant à la distinction des deux orientations de l’Art conceptuel : "Les artistes conceptuels sont plutôt des mystiques que des rationalistes.
Ils arrivent à des conclusions que la logique ne peut atteindre.
Les jugements rationnels répètent des jugements rationnels.
Les jugements irrationnels débouchent sur des expériences nouvelles." (cité par B. Buchloh, in L’Art conceptuel, une perspective, Musée
d’Art Moderne de la Ville de Paris, seconde édition, 1991, p. 28).
Les artistes anglais et l'Américain Kosuth veulent s’en tenir aux possibilités
structurantes du langage, tandis que les artistes venant de l’Art minimal acceptent d’abandonner la rationalité pour l'idée.
En mai, publication aux États-Unis du premier numéro de la revue Art & Language, avec pour sous-titre "The Journal of Conceptual Art".
Sol LeWitt y publie ses "Sentences on Conceptual Art".
Kosuth fait paraître, dans Studio international, une série de trois articles
qui forment l’un des textes fondamentaux de l’Art conceptuel, "Art after Philosophy".
La suite de l’histoire du mouvement développera les bases théoriques ainsi
posées.